Le travail qui relie et Joanna Macy 

13/04/2021

Joanna Macy (née le 2 mai 1929) est une militante écologiste, autrice, spécialiste du bouddhisme, de l'écologie profonde et de l'écopsychologie. Elle est l'autrice de huit livres. Elle a développé une méthodologie, appelée le travail qui relie, visant à approfondir notre connexion à la terre et au vivant tout en nous préparant à faire face aux risques d'effondrement.

Joanna Macy part du constat que l'écosystème terrestre est en danger (menace nucléaire, disparition des espèces, dérèglement climatique, etc.) et que la majorité des personnes semblent y rester indifférentes. Son analyse propose cependant que les êtres humains ne sont pas indifférents, mais au contraire refoulent leur empathie, et ce par peur de souffrir face à l'insupportable, à savoir la destruction massive des systèmes vitaux de la planète, « une perte si vaste et définitive [...] que nous pouvons à peine la nommer ». Joanna Macy nomme cette douleur morale « peine pour notre monde », et propose de sortir du refoulement pour accepter la douleur et entrer dans l'action.

Joanna Macy a développé un ensemble intégré de pratiques expérientielles et pour partie spirituelles ayant pour objet de permettre à ceux qui les appliquent de se reconnecter émotionnellement à la communauté du vivant dans sa globalité, en surmontant à la fois le désespoir et la tentation du déni face à l'avenir et se mettant en action pour guérir le monde. Aux yeux de Kalil Shutten, il s'agit également d'un travail d'affranchissement par rapport à des conditionnements sociaux qui nous maintiennent dans le statu quo.

Il s'agit en particulier :

  • de vivre et aborder l'écologie autrement, en explorant et en prenant conscience de notre connexion à la planète et au vivant ;
  • d'expérimenter et d'exprimer notre souffrance pour ce monde malmené par l'humain et de sentir comment nous pouvons au mieux participer à sa guérison ;
  • d'affiner nos perceptions quant à l'effondrement proche de la société de croissance industrielle et l'émergence d'une société qui soutiendra la vie ;
  • de remettre en perspective nos vies pour clarifier nos intentions afin de prendre part au changement de cap rendu nécessaire ;
  • de tisser des liens durables avec d'autres personnes préoccupées par ces mêmes enjeux pour trouver un soutien mutuel dans nos projets et actions.

Sa méthode, un temps appelée Travail du Désespoir et de l'Émancipation, prend aujourd'hui le nom de Travail qui relie (Work that Reconnects en anglais). Selon le sociologue et écothéologien Michel Maxime Egger, Joanna Macy invite, dans le Travail qui relie, à se réaliser dans une approche organisée selon quatre phases qui se visualisent sous forme d'une spirale qui s'auto-amplifie. Macy s'est donnée comme mission de « transmettre une espérance active » et d'aider les personnes à reprendre la voie de l'action en passant d'« un moi égocentré au moi en communion avec la toile de la vie ». La méthode aide les gens à découvrir et à prendre conscience par l'expérience de leurs relations innées les uns avec les autres ainsi que des pouvoirs d'auto-guérison de la toile de la vie, transformant un sentiment de désespoir et d'écrasement en une action collaborative et inspirée.

Les quatre étapes consistent à : 1. s'enraciner dans la gratitude ; 2. honorer sa peine pour le monde ; 3. changer de regard et 4. aller de l'avant en entrant dans l'action.

La spirale démarre par une invitation à prendre appui sur la gratitude face au merveilleux du vivant. Cela peut se faire par exemple en se remémorant des moments d'émerveillement face à la nature et les considérer avec gratitude. Pour Macy, cela apaise l'esprit frénétique et nous ramène à la source, stimulant notre empathie et notre confiance. La gratitude nous aide aussi à être plus pleinement présents à nous-mêmes et à ce qui nous entoure.

Nous sommes ainsi prêts pour la seconde étape où l'ouverture psychique ainsi préparée nous permet de reconnaître et accueillir la douleur que nous portons pour ce monde qui est en nous et qui nous constitue. Nous sommes alors capables de nous approprier la souffrance de la nature et de souffrir avec elle sans refouler nos sentiments de culpabilité, de colère, d'impuissance ou de peur. Macy précise qu'« En reconnaissant et en honorant notre douleur pour le monde, et en osant en faire l'expérience, nous apprenons le vrai sens de la compassion : « souffrir avec ». Nous commençons à connaître l'immensité de notre cœur/esprit ». Nous rompons l'isolement de la souffrance et devenons capables d'embrasser l'espace bien plus large de notre inter-existence.

Il s'agit ensuite de changer de perception, de voir le monde avec un regard neuf qui ne place plus l'Homme au centre (anthropocentrisme) mais le vivant dans la complexité de ses interrelations (écocentrisme). Enfin, Macy invite à passer à l'action contre la destruction de l'environnement et pour construire un monde plus écologique. Pour elle il s'agit d'aller de l'avant vers les actions qui nous appellent, en fonction de qui nous sommes très précisément ; notre situation, nos dons, nos limites qui sont aussi des forces, des sensibilités. Ceci sans attendre un plan directeur général, car « chaque étape sera notre professeur », apprenant de nos échecs et de nos doutes.

Et ainsi la Spirale recommence, avec de nouveau la gratitude.

Source wikipedia 

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